Nouchka, Tibout & Plume

 

ph. Amedeo Abello

 
 

Nouchka, artiste et intervenante en médiation animale, provoque la rencontre et rassemble autour des chiens. Sans son travail d’intervenante, elle n’aurait définitivement pas eu Tibout et Plume. L’une “chef de meute” et l’autre “chienne à bras”, toutes deux, boule de poil et pot de colle apportent de la légèreté dans les unités de vie protégée (UVP). 

 
 
 
 

Un compagnon de travail

« Je travaille en médiation animale, et à vrai dire, c’est uniquement pour cela que j’ai des chiens. Vivant à Paris, je ne voyais pas l’intérêt d’avoir des animaux et de les laisser seuls toute la journée dans un appartement. Dans mon enfance, je n’ai eu que des chats, un lapin et quelques oiseaux que nous avions sauvés. Je n’avais encore jamais eu de chien, ma mère n’en a jamais voulu. Ma première chatte, Minouche, était très importante pour moi. On me l’a donné à mes six ans. Ayant grandi à la campagne, j’ai développé une image du chien comme compagnon de travail. Les chiens c’était pour la chasse, pour garder… C’est ce qui m’a donné envie de travailler avec un chien mais je ne savais pas encore quoi faire et puis la vie m’a amené à la médiation animale. »

 
 
 
 

Le hasard heureux

« C’est en Italie, par ce que l’on appelle “le hasard”, que j’ai rencontré la médiation animale. À une station essence, il y avait des loups tchécoslovaques et à l’époque cette race était encore méconnue. Le propriétaire travaillait à la protection civile italienne et formait les chiens pour la recherche de disparus en montagne. Il donnait aussi des ateliers de médiation animale, j’y ai donc assisté pour la première fois. Par la suite, je suis devenue bénévole et puis j’ai acheté mon premier chien que j’ai formé. Je n’ai pas pu trouver un travail, ni de formation en Italie, alors nous sommes rentrées en France. Ma chienne avait 3 ans quand on a commencé le bénévolat et intégré la formation de médiation animale. Je suis également artiste, mais je dissocie totalement mes deux pratiques. Quand je fais de la médiation je suis à 100% investie et de même pour la sculpture. »

 
 
 
 

En présence d’un chien

Aujourd’hui, je travaille principalement avec des personnes âgées et quelques polyhandicapés.

« J’interviens dans des unités de vie protégée, qui accueillent des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles associés, où les personnes sont profondément malades. Le chien est là pour recréer un lien social. Souvent, ce sont des gens qui ne peuvent plus parler ou qui ne sont plus tellement connectés avec la réalité. Alors, il existe des ateliers pour provoquer des rencontres autour du chien. On y voit des patients qui ne communiquent et ne réagissent plus avec les humains mais se retrouvent à câliner les chiens, voire même à leur parler. Ils reprennent vie en présence d’un animal. Au fil des années, il y a des patients qui décident de ne plus participer aux animations, alors je vais à leur rencontre directement dans leur chambre et les accompagne quelquefois jusqu’à leur fin de vie. En ce moment, je m’occupe d’une femme en très forte dépression. Elle est plongée dans un discours très négatif alors pour stopper ces pensées je viens avec les chiens. Elle a besoin d’affection et de légèreté, ce que Tibout et Plume lui donnent.»

 
 
 
 
 

Une éducation

« Les chiens, je les achète. Je ne peux pas les adopter puisque j’ai besoin de connaître l’historique du chiot. J’ai des critères auprès des éleveurs, comme par exemple, des femelles ou les couleurs claires car pour les personnes âgées le noir n’est pas forcément accepté. Je demande à l’éleveur de choisir un chiot avec un caractère dominant, parce que le métier est très fatiguant. 

Je prends le chiot à deux mois, et je fais en sorte qu’il y ait toujours un aîné pour continuer l’éducation que fait la mère. Deux mois c’est assez tôt mais cela me permet d’utiliser le temps “d’empreinte” pour que le chiot s’adapte au milieu hospitalier. C'est-à-dire, les odeurs particulières, les bruits, les personnes qui hurlent, les gestes brusques, les fauteuils roulants, ainsi de suite. À deux mois, il ne travaille pas mais s’habitue à vivre avec moi dans un milieu particulier. Aujourd’hui, j’ai deux bichons: Tibout et Plume. Le Bichon est une très vieille race qui est en Europe depuis la fin du Moyen-Age. À l'origine, les bichons viennent de Mongolie, d'où leur queue rebiquée sur le dos: ils avertissaient les moines dans les temples mongoles d’un visiteur. Alors les bichons continuent de le faire, comme au travail avec Tibout et Plume, où je me dois de présenter les inconnus pour qu’elles arrêtent d’aboyer. »

 
 
 
 

La chienne à bras

« Tibout, une de mes chiennes, est typiquement une chienne dominante, sûre d'elle-même. De sa portée, elle était la plus dégourdie, la moins peureuse. Elle est calme et n’a peur de rien. Elle adore l’eau même en plein hiver, ce qui lui a coûté quelques rhumes. Plume, j’ai mis deux mois à la trouver, car chez les bichons il y a beaucoup de trafic. Finalement je l’ai trouvée dans un élevage de chiens pour les concours de beauté, ce que je voulais éviter.Mon voisin l’a surnommée, “la chienne à bras”. C'est-à-dire qu’elle est bien dans les bras, elle adore l’humain. Par contre dans la rue, c’est une peureuse, en particulier envers les autres chiens. Ce sont deux pots de colle adorables, obéissantes, constamment à mes pieds. D’une pièce à l’autre, elles me suivent. En étudiant la psychologie canine on arrive à faire des parallèles avec la psychologie humaine comme dans les écrits de Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et psychanalyste français, et de Claude Beata, vétérinaire et psychologue pour animaux domestiques.À l’image d’une fratrie, il est question de jalousie avec Plume qui demande constamment des câlins et de l’attention, et Tibout qui s'écrase un peu. Alors ma vétérinaire, comportementaliste, m’a conseillé de toujours faire passer Tibout en premier. C’est elle qui a l’étoffe d’une chef de meute, il n’y aucune raison que Plume prétende à ce rôle qu’elle n’est pas capable d’assumer. Quand Tibout et Plume jouent ensemble je les appelle les Gremlins. On a l’impression de voir deux peluches, très rapides: on ne sait plus où est la tête ni où est la queue. »

 
 
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